« Comment se construit l’image de soi dans une société de l’image ? ».
L’uniformisation et le nivèlement des apparences (physiques), et l’injonction sur les corps que produit notre société, touchent plus particulièrement les jeunes nés avec les réseaux sociaux. Mais cette recherche de la perfection n’est-elle pas illusoire ? Comment chaque jeune peut-il prendre le temps de se construire et de développer son « image de soi », de se connaitre afin de construire son propre univers, et de différencier ce qui appartient au modèle de ce qui fait partie intégrante de sa propre personnalité ?
L’uniformisation et la superficialité des corps induites par la culture de l’image (médias, réseaux sociaux, pubs…) agissent sur l’amplification des complexes, qu’elle devient une injonction pour les jeunes, un modèle qui s’impose à eux, de manière souvent inconsciente.
Cet travail tente de dévoiler le questionnement de l’image de soi dès 18-25 ans afin de découvrir leur singularité et de mettre en lumière le questionnement d’une jeunesse aux multiples visages. Des photographies et des extraits de dialogue d’une trentaine sujets de ma génération sont dévoilés sans artifice, en dehors des codes véhiculés par les réseaux sociaux.
Ces portraits aux contours simples et sans fart, se rapprochant de la photographie d’identité, ont pour objectif de mettre en avant l’individu, son humanité et son visage à « l’état brut ». Donner à voir de façon sincère cette génération en opposition à la culture de l’autoportrait et du selfie travaillé et artificialisé, au culte de la pose véhiculée par les réseaux sociaux. Le texte qui les accompagne est la transcription de leur réponse filmé, afin de donner à entendre la manière dont ils se perçoivent et se situent dans notre société. A travers sept questions, j’ai voulu leur permettre de s’interroger de manière réflective sur la perception qu’ils ont d’eux-mêmes, l’influence des réseaux sociaux sur leur image, l’utilisation qu’ils en font et leur estime d’eux-mêmes dans leurs rapports aux autres.
Le dispositif utilisé est un plan serré, neutre au format paysage, qui ne permet pas d’interprétation psychologisante. Mon âge favorise la proximité et la simplicité de la parole échangée, qui au delà du questionnement, devient une conversation entre deux personnes de la même génération. Ce dispositif en favorisant l’introspection a également permis de garder une sincérité de parole : au moment où ils s’expriment, seuls face à l’objectif, la question semble plus importante que leur propre image. De ce point de vue, leur parole est authentique et donne à voir leur subjectivité.
Les photographies dans les lieux redonne une identité propre à chacun, en les photographiant dans un lieu qu’ils ont choisi et qui les représente. Cette approche remet en perspectives les corps et permet appréhender les différentes facettes d’une jeunesse multiforme qui ne se réduit pas à l’image qu’elle donne à voir sur les réseaux sociaux.
Représentation, apparence, estime de soi et réseaux sociaux. Face à la caméra, sans artifices, des jeunes de la génération, 18-25 ans répondent.